Lorsque l'on est à la recherche d'un beau costume, d'un beau manteau ou d'une chemise de qualité, on en vient un jour à apprécier une belle laine, un beau cachemire, un lin épais ou des mélanges plus spécifiques, saisonniers la plupart du temps. Je vous propose ici un écrit qui relate selon moi les aspects d'une belle matière, d'une façon informelle et subjective.
Nous vivons une époque où le travail des personnes derrière ce que nous achetons ne compte plus, ou est dévalorisé, voire occulté lorsqu'il est contraire à l'éthique. Mais certaines entreprises, certaines personnes aussi, vont à contre-courant, et prennent l'initiative de proposer du "beau", des produits et matières qui font autre chose que seulement vous habiller, mais qui racontent une histoire.
C'est notamment le cas de la vigogne, un petit lama qui vit en Amérique du Sud, en montagne. Nord du Chili, Pérou... On en tire une fibre plus fine que toutes les autres, même plus que le cachemire ! Pour faire un point sur les différentes fibres et leur diamètre, c'est ici : La finesse des fibres, une histoire marketing ?.
Un groupe de vigognes
Cette fibre est rare, et hors de prix pour la plupart des porte-monnaie. L'explication, au delà de sa finesse inégalée et de ses vertus thermorégulatrices hors du commun, est simple : On ne tond pas l'animal pour récupérer la fibre, on lui peigne le cou. Ces animaux vivant en totale liberté, les villageois font une chaine humaine pour les regrouper, et leur soutirer un peu de cette fibre, que les filateurs appellent "étoffe des dieux". Ces animaux vivent à plus de 3500m d'altitude. C'est vous dire la difficulté à obtenir cette laine ! L'exploitation de cette fibre est majoritairement gérée par Loro Piana, propriété du groupe LVMH depuis quelques années.
Cette exploitation permet de protéger l'espèce, et de garantir une production éthique.
Plus connu et commun, mais presque aussi exclusif et raffiné, le cachemire a toute sa place dans l'habillement, grâce à ses propriétés thermorégulatrices, sa chaleur et sa douceur. On l'utilise dans les mailles, surtout les pulls, mais aussi dans certains costumes, et manteaux, mélangé à la laine, ou à 100%.
Cette fibre ne vient ni d'un mouton, ni d'un petit lama, mais d'une chèvre du même nom : La chèvre cachemire.
Des chèvres cachemire
La fibre donnée par cet animal est d'une douceur exceptionnelle, mais aussi d'une grande fragilité. Sa finesse en est la cause principale, mais ses attraits gomment miraculeusement les côtés négatifs. Cependant, au contraire de la vigogne, vous pourriez trouver du cachemire de piètre qualité, dont les normes éthiques restent douteuses. Attention donc au choix de votre maison.
Pour rester dans des finesses et douceur similaires au cachemire, vous pourriez aussi jeter votre dévolu sur des laines à très haut titrage, plutôt utilisées dans les costumes...
Ces laines viennent donc du mouton, que l'on va tondre une fois son épaisseur adaptée.
On en tire ensuite une certaine quantité de laine, que l'on va estimer dans sa finesse. Aujourd'hui, avec la technologie, on peut le faire précisément et donc connaître le diamètre d'une laine avec les outils adaptés. Mais à l'époque où le titrage est apparu, c'était quelqu'un qui était chargé d'estimer la longueur que l'on pouvait couvrir avec une livre de laine. Plus on faisait de distance, plus la laine était fine, par définition. S'en est suivi la nomenclature nommée "titrage", commençant par le Super 80's, puis jusqu'à Super 250"s pour les plus fines des laines connues. Cependant, aussi belles soient elles, ce n'est pas gage de qualité, mais c'est uniquement une indication de diamètre. Evidemment, une maison habituée à proposer des titrages élevés aura sans doutes une qualité supérieure à une maison basique qui ne propose que des laines recyclées... Mais certaines, comme VBC (Vitale Barberis Canonico) ont pris le titrage à contrepied et proposent des gammes de laines très épaisses (leur gamme 21 Microns) à la qualité incroyable. Preuve qu'une belle étoffe peut se soulager des diktats du titrage.
Lorsque l'on cherche une belle matière, on peut aussi se tourner vers le coton et le lin. Ce sont des fibres végétales, à l'inverse de la laine, du cachemire et de la vigogne (la soie également) qui sont des fibres animales.
Le coton est aujourd'hui omniprésent, et connaître sa provenance dans les vêtements est presque impossible la plupart du temps. Secret bien gardé par les belles maisons de qualité, ou secret inavouable pour les autres tant l'origine est mauvaise, la difficulté reste la même.
Mais il existe des cotons d'une incroyable finesse, d'une grande douceur. On trouve par exemple le fil d'Ecosse, très sollicité dans le marché de la chaussette, mais aussi le "Sea Island". Ce dernier, rare, représente environ 0,004% de la production totale de coton. Pour vous donner une idée précise : Pour une tonne de coton produit, 4kg de Sea Island seront produits. Cela vous donne une idée de la rareté de ce coton, et... De son prix. Aujourd'hui produit à la Barbade, ainsi qu'en Jamaïque, ce coton très rare se propose sur des polos (chez Sunspel, par exemple), sur des chemises également. Attention, le prix double si vous optez pour ce coton au lieu d'un coton standard, même un beau coton égyptien. Sa brillance et sa résistance sont en revanche un aspect positif, et la finesse de cette matière sur une chemise reste un bel avantage, en été par exemple. La maison italienne Albini en propose sur ses liasses.
Une fleur de coton
C'est la fin de cet article, je tenais à vous faire part de mes quelques pensées sur les matières que l'on peut trouver dans la production textile actuelle, et leurs aspects techniques et sociaux, également. L'éthique reste toujours une valeur essentielle, et ces tissus sont généralement plus concernés par des normes responsables dans leur production. J'espère que vous aurez l'occasion dans vos futurs achats de profiter des attraits de ces belles matières, qu'elles soient rares ou non.
Achetez moins, achetez mieux, et surtout, soyez vous-mêmes.
Florian
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