Pourquoi faire l'effort de bien s'habiller ?

Publié le 31 janvier 2023 à 16:28

Quelle que soit la raison qui pousse un homme à bien s'habiller, il faut la définir, et ne pas le faire pour les mauvaises raison. Ces mauvaises raisons sont à mon sens des nuances, des prolongements des bonnes raisons. Je vous écris donc ce que j'en pense, et ma vision des raisons de l'existence des belles tenues.

Charles 1er, Roi d'Angleterre de 1625 à 1649. Bien vêtu, et au chaud !

Il y a longtemps, l'habit était clairement vecteur de statut social. Le "bas-peuple" n'était pas vêtu comme la cour, encore moins comme le Roi. Mais une autre variable est à prendre en considération : La température. Il n'y avait pas de chauffage, pas de radiateurs. Alors on s'habillait. Et les vêtements étaient tous, sans aucune exception, faits à la main. L'occasion pour les gens doués d'habiller richement les nobles qui pouvaient s'offrir tous les services. Et forcément, ils étaient très bien équipés, car vivre à 19°C chez soi est aujourd'hui un luxe devenu norme.

Puis, bien plus tard, les années 1900 à 1940 voient le costume pour homme être le vêtement "de base", tout homme allait chez le tailleur et c'était presque comme aller chez le coiffeur aujourd'hui. Il fallait s'habiller, et si possible, chaudement. Le trois-pièce était répandu, bien plus qu'aujourd'hui, et les costumes croisés commençaient à arriver. La cravate était omniprésente, ou peu s'en faut.

Dans les années 1950, le chauffage central arrive. Chez soi, on a moins froid. Alors chez soi, on s'habille moins. La suite est simple, la perpétuelle évolution a fini par faire descendre dans la rue ce que l'on appliquait chez soi, et le jean, les t-shirts, les chemises décontractées arrivèrent. 

Sauf que : Le goût de la belle chose ne peut, à mon sens, jamais mourir. Il restera toujours des passionnés de n'importe quel domaine pour faire vivre une idée. Et celle dont je parle en l'occurrence, c'est la manière de s'habiller, et l'attention que l'on y porte.

 

Car même si nous vivons chez nous avec le chauffage, et qu'aujourd'hui porter le costume par plaisir est devenu quelque chose d'étrange, je crois que se faire plaisir avec ses vêtements, non seulement pour soi mais aussi par respect pour autrui dans la présentation que l'on a, garde une importance non négligeable et reste toujours acceptable.

Car soyons honnêtes : Combien de fois ai-je entendu des phrases, à la longue affligeantes, comme "Tu vas à un mariage ?" ou "Tu n'as pas chaud avec ta veste ?" et autres "Tu sais que la cravate c'est pas une obligation ?".

Non, je ne vais pas à un mariage, non, ma veste est en laine froide donc je n'ai pas chaud, et oui, je sais que ce n'est pas obligatoire, mais elle est tellement belle que me l'imposer à moi-même est un plaisir. Voyez-y du masochisme, moi j'y vois une association de couleurs réussie.

 

Alors pourquoi bien s'habiller, finalement ? Si les remarques sont celles citées, et que personne n'est suffisamment à l'écoute pour déceler que cette tenue est là pour le plaisir personnel, et pour le respect  d'autrui ?

Je pense que c'est principalement pour ces mêmes raisons. Si mon voisin a plaisir à mettre son jean et son t-shirt imprimé, moi j'ai plaisir à porter mon croisé et ma cravate 7 plis. Et lorsque je me rends à un rendez-vous, j'aime être présentable, et montrer que j'ai compris où j'étais, et l'importance de l'entrevue. 

 

Peut-on dire pour autant que porter le costume revêt une forme de volonté d'appartenance à une classe sociale définie ?

Je ne crois pas. C'était vrai il y a quelques années, nettement moins aujourd'hui. Les ultra-riches portent des T-Shirts sans marque apparente, pourtant ils valent 2.000€ et viennent de chez Loro Piana. Les survêtements que je ne citerai pas valent parfois plus de 800€, pour ressembler à... Quoi ? Alors, un costume que je garderai toute ma vie, ou pas loin, pour 1000€, est-ce qu'il me fait appartenir à une classe sociale ? Pas sûr...


La question que pose cet article vient finalement d'une standardisation de l'habillement, et du vestiaire globalement. Regardez autour de vous. Jean, jean, jean, polo, T-Shirt, baskets blanches, encore des baskets blanches, encore un polo... Identiques, tous. Alors forcément, si vous arrivez au travail avec un trois pièce dépareillé et une cravate à motif paisley, soit vous aimez vous faire du mal, soit vous débarquez d'une réalité alternative où on vit encore dans les années 1920.

Et pourtant, ce n'est ni l'un, ni l'autre. Vous vous faites plaisir.

 

Une dernière étape dans ma réflexion me pousse à évoquer un contre-argument qui pourrait vouloir nous faire croire que le vestiaire a changé dans ce sens pour le simple but du confort. C'est vrai qu'un jogging et un t-shirt, c'est plutôt large, confortable... Disons ça.

Pourquoi pensons-nous cela ?

Peut-être parce que le costume, qui a perdu de son attrait pendant des années, est devenu l'apanage de marques bas de gamme (non non, pas "entrée de gamme", mais bien "bas de gamme") qui vous vendent des coupes à la truelle dans des matières issues des bouteilles d'eau que vous avez bu il y a deux jours ? Je vous l'accorde, là on s'éloigne du confort, aussi vite qu'on s'éloigne de l'élégance d'ailleurs.

Mais de nouveau, le costume est revenu, et des acteurs nouveaux se sont emparés de ce regain d'intérêt pour proposer quelque chose de différent. Matières naturelles, nobles parfois, coupes au scalpel, voire mesure ! 

Que celui qui n'a jamais essayé un costume bien coupé vienne me faire l'éloge du confort. D'autant que le jeu des matières permet de s'adapter aux saisons, et de garder toujours le confort optimal dans chaque situation. Se sentir bien, peu importe la tenue, c'est ça, le confort. Pour étayer davantage cette idée, ceux qui ont acheté un vrai jean (toile selvedge, coupe parfaite...) savent qu'un jean, au début, ce n'est tout simplement pas confortable. Pas du tout, même.

 

Alors à mon sens, l'argument du confort pour contrer le costume n'est pas valable, ou plutôt, il a essayé de l'être en pariant sur les mauvais joueurs, et il s'est planté dès l'arrivée des bons. 

 

Tout cela mérite néanmoins des nuances. Je peux paraître buté, mais évidemment, je porte le jogging, le T-shirt et de gros sweatshirts à capuches. Je le fais chez moi, lorsque je n'ai rien d'autre à faire que regarder la télévision, ou écrire cet article, par exemple ! Mais je suis tout aussi exigeant sur leur qualité que lorsque je choisis un costume. Dès que je dois sortir, un beau pantalon m'accompagne, et au minimum, une chemise présentable, et une veste. Nul besoin d'en faire trop pour une courte durée. Cependant, si je pars de chez moi toute la journée, ma cravate ne peut être remplacée par autre chose qu'un col roulé en hiver, bien logé sous un trois-pièce à gilet dépareillé.

 

Je tenais à partager avec vous ces différentes idées, et ces avis que je reconnais subjectifs, mais que j'imagine plus vrais qu'on ne le pense.

 

Achetez moins, achetez mieux, et surtout, soyez vous-mêmes.

Florian

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