Les boutons, quelle histoire !

Publié le 19 décembre 2022 à 10:33

Sur une veste, ou un costume plus globalement, les boutons sont partout. Sur le devant pour le fermer, sur les manches, parfois au niveau de la ceinture du pantalon quand ce ne sont pas des pattes... On les choisit généralement en corne, en nacre, ou en plastique. Certaines maisons les proposent en bois ! Mais à quoi servent-ils, et que faut-il savoir ?

Boutonnière fonctionnelle avec un bouton ouvert

Il y a encore quelques dizaines d'années, les boutons, surtout ceux des manches, avaient une utilité, et étaient systématiquement utilisables (entendez par là "fonctionnels"). Evidemment, les boutons sur le devant de nos vestes sont toujours fonctionnels, il faut bien fermer cette dernière. Je vous renvoie vers Les usages vestimentaires si vous voulez en savoir plus sur ceux qui se ferment ou non, et pourquoi. Pour rappel, il s'agit d'une petite histoire sur un Roi d'Angleterre, que l'on pourrait considérer comme "bon-vivant". 


Mais ce qui nous intéresse dans cet article, c'est davantage ce que l'on va trouver au bout de nos manches de vestes, car un certain flou entoure cette zone.

Certaines (rares) vestes n'ont que deux boutons sur chaque manche. D'autre en ont trois. La plupart du temps, on en compte quatre, et tous se chevauchent. Des fois, ils sont à la suite les uns des autres, et de temps en temps, certaines maisons (Tom Ford par exemple) proposent même cinq boutons ! Pourquoi ? A quoi cela peut-il servir ?

On remarque également que sur certaines vestes, les boutons sont là dans un but purement décoratif et parce qu'il est impensable de proposer une veste sans boutons. On ne peut pas les ouvrir, un comble pour un bouton, dont la fonction de base étant de pouvoir le faire...

Pour commencer, j'ai tendance à penser que plus une veste a de boutons, plus elle donnera un rendu formel. Un seul bouton peut paraître trop décontracté pour se remarquer sur une veste de smoking, ou même un beau blazer... Deux boutons, même constat.

A partir de trois, on peut estimer que ce que vous portez commence à ressembler à quelque chose de plus "business" ou du moins plus habillé. La règle générale étant d'observer quatre boutons, c'est ce que l'on trouve sur quasiment toutes les vestes en prêt-à-porter.

Vous voyez la logique !

 

Cependant, produire une veste équipée de quatre boutons, et les rendre fonctionnels : Ca coûte cher. Vous me voyez venir ?

Quand on veut produire une veste à moindre coût pour la vendre 200€, forcément, il y a des économies de faites. On rend donc ces boutons et coutures factices, ainsi on ne peut les ouvrir. Mais ce n'est pas nécessairement un mal, car si l'économie des boutons est faite, c'est peut-être (espérons...) pour proposer une matière plus noble ? Ainsi, on peut fabriquer un beau vêtement, et tirer les coûts sur les détails dont finalement personne n'a cure.

Personne... Sauf nous, amateurs et passionnés de coupe, de tissus, de finition et d'histoire !

Alors quel intérêt à ouvrir ces boutons de manche si les marques de prêt-à-porter les vendent factices ? La réponse est dans l'histoire, une fois de plus.

Certains veulent que ces manches appelées "manches de chirurgien" voient leur origine dans le fait que les chirurgiens justement, pour opérer, retroussaient les manches de leurs vestes afin de ne pas se gêner ni se salir. Belle histoire, explication plutôt sensée. Mais les chirurgiens n'étaient pas les seuls à porter le costume, si ?

Alors pourquoi les autres, qui n'opéraient pas de patients, devaient-ils pouvoir ouvrir leurs boutons de manches ?

La réponse peut paraître simple : Pour ne pas se gêner, ni se salir ! Lorsque vous portez votre veste, que vous allez vous laver les mains, ne serait-il pas plus simple, et plus élégant, de simplement relever ses manches après avoir déboutonné celles-ci ?

Une réplique de veste munie de boutons de manche, utilisés pour maintenir ce large revers en place

Une autre explication, plus ancienne, voudrait que Napoléon, voyant ses soldats se moucher dans les manches de leurs vestes, ait eu l'idée de placer des boutons. Pas facile de se moucher dans des boutons... Aussi amusante que soit cette anecdote, elle est fausse. On trouve dans l'histoire, bien avant Napoléon, des vestes formelles, qui étaient dotées de revers en bas des manches. Les boutons, qui servaient à maintenir le revers plaqué vers le haut, ont progressivement été remplacés par des faux (un ou deux en général) et finalement, dans les années 1980, les vraies boutonnières commencèrent à voir le jour. Remplacées dans la foulée par les fausses, à nouveau, dans le prêt-à-porter entrée ou milieu de gamme.

 

Aujourd'hui, je ne vous cache pas ma petite habitude de garder un bouton ouvert sur toutes mes vestes, attrait esthétique ou confort, à vous de juger, mais c'est un plaisir que l'on peut trouver dans les détails, comme une milanaise faite à la main... Dont nous parlerons dans un prochain article ?

 

Achetez moins, achetez mieux, et surtout, soyez vous-mêmes.
Florian


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